Les Téfilines : un engagement des cœurs, des têtes et des mains.

La Torah déclare : « Tu les attacheras comme un signe sur ta main et ils seront comme un fronton sur ta tête entre tes yeux ». (Deutéronome 6 : 8).

La Torah nous rappelle dans quatre endroits que nous devons mettre les Téfilines : Exode 13 versets 1 à 10 ; Exode 13 versets 11 à 16 ; Deutéronome 6 versets 4 à 9 et Deutéronome 11 versets 13 à 21.

Chacun de ces textes est écrit sur du parchemin puis placé dans un compartiment en cuir ; le Juif les attache sur son bras et sa tête avec des lanières de cuir noir. Ce sont les Téfilines.

Les textes discutent l’unicité de D.ieu dans l’univers. Ils proclament les miracles que D.ieu a accomplis pour nous quand Il nous a fait sortir d’Égypte, comment seul D.ieu a le pouvoir et l’autorité d’accomplir tout ce qu’Il désire dans les mondes matériel et spirituel.

Les Téfilines du bras sont disposés de façon à être tournés vers le cœur : ils indiquent la nécessité de subjuguer les désirs du cœur aux directives de D.ieu.

Les Téfilines de la tête nous enseignent que nos pensées doivent être dirigées vers le service de D.ieu.

Nous mettons les Téfilines chaque jour sauf le Chabbat et les jours de fêtes juives chômées. Cette obligation incombe à chaque homme juif, dès l’âge de treize ans, l’âge de la Bar Mitsva.

Les textes de la Torah sont inscrits avec de l’encre noire et une plume d’oie par un scribe spécialement formé et connu pour son application scrupuleuse des lois, sur un parchemin fabriqué à la main, à partir du cuir d’un animal cachère. Le scribe doit se concentrer intensément afin d’écrire à la main les caractères hébraïques d’une belle calligraphie. On dénombre 1594 lettres en tout dans les textes contenus dans les Téfilines. S’il en manquait une ou s’il y en avait une en trop, les Téfilines ne seraient plus cachères. La loi juive définit précisément la forme de chaque lettre dans de nombreux paragraphes. Pour que des Téfilines soient conformes à la Hala’ha, ils doivent obéir à des milliers de détails minutieux.

Si l’une des 1594 lettres des Téfilines venait à manquer ou à être écrite de façon incorrecte, ils ne seraient plus cachères, la Mitsva n’aurait pas été accomplie et la bénédiction récitée sur eux aurait été vaine.

(De même que chaque Juif est indispensable pour l’intégrité de la communauté en tant qu’entité). Certaines erreurs peuvent être corrigées en accord avec la loi juive, d’autres non.

Les Téfilines, même s’ils ont été écrits par le plus expert des scribes, doivent être vérifiés par une personne compétente avant d’être achetés.

Qu’est-ce que les Téfilines (phylactères en français) ?

Depuis près de 4000 ans, les Juifs mettent les Téfilines. Ce sont deux boîtiers noirs en cuir reliés à des lanières noires que les hommes juifs posent sur leur bras et leur tête durant la prière du matin. Ils ont l’obligation de poser un boîtier sur leur tête et de lier l’autre sur le bras gauche (sur le bras droit pour un gaucher) chaque matin de la semaine excepté le Chabbat et les jours de fêtes juives chômées. Cette obligation incombe à tous les garçons dès l’âge de la Bar Mitsva (13 ans).

Les Juifs pratiquent ce rite de passage à l’âge adulte au moment de la Bar Mitsva. Mettre les Téfilines est l’une des premières Mitsvot assumées par un garçon juif lors de sa Bar Mitsva.

Les boîtiers contiennent quatre parchemins sur lesquels sont recopiés à la main des textes de la Torah. Le Téfiline du bras contient quatre textes écrits sur un seul parchemin mais celui de la tête contient quatre compartiments avec un parchemin dans chacun d’eux.

Durant toutes les années de l’existence juive, les Téfilines ont constitué l’un des principaux symboles du judaïsme. Les Téfilines nous ont accompagnés durant nos errances aux quatre coins de la terre – aussi bien dans les eaux calmes et paisibles que dans les tempêtes tragiques, quand les Juifs ont été prêts à sacrifier leurs vies afin de vivre selon la Torah et d’être dignes de leur nom. Toujours, en tout endroit et en tous temps, les Juifs ont veillé à cette Mitsva des Téfilines avec courage et fierté et ce sont les Téfilines qui ont veillé en retour sur les Juifs.

Les Téfilines relient le cerveau avec le cœur et l’action, vous permettant ainsi de manœuvrer votre chemin dans la vie. Ils unifient le cœur et le cerveau, créant l’harmonie et la tranquillité dans votre monde ; ils ont été attachés aux cœurs des Juifs depuis des millénaires.

Comment demander aujourd’hui votre paire de Téfilines : Cliquez ici

1967 : Lancement de la Campagne des Téfilines

Avant la guerre des Six Jours, alors qu’Israël se trouvait dans une situation périlleuse, face à des ennemis postés sur tous les fronts, le gouvernement israélien préconisa aux Juifs non israéliens de quitter au plus vite le pays. Le Rabbi, cependant, demanda à ses étudiants installés dans les yechivot israéliennes de rester sur place. A Lag Baomer, une semaine tout juste avant la guerre, des dizaines de milliers d’enfants d’écoles juives furent rassemblés au 770 Eastern Parkway à Brooklyn pour un grand rallie. A cette occasion, le Rabbi parla publiquement, et par des mots fermes d’encouragement, il tranquillisa les Juifs d’Israël en leur rappelant que le «Tout-Puissant ne sommeillera ni ne dormira.» Tant que les Juifs resteront fidèles aux commandements de D.ieu», souligna-t-il, «la survie du Peuple Juif est garantie.» Pour des millions d’israéliens, les paroles du Rabbi furent accueillies comme de la rosée fraîche. En effet, lorsque l’on sait que le Rabbi est considéré comme le leader spirituel pleinement responsable, ces paroles remarquables ne peuvent avoir qu’une résonance prophétique. Et deux jours avant le début de la guerre, le Rabbi lança sa première mivtsah (campagne) : la Campagne des Téfilines.

«Le mérite de millions de Juifs qui ont mis, depuis lors, les Téfilines», déclara t-il, «aidera nos frères et nos sœurs à remporter une victoire immédiate.» En quelques jours, la guerre cessa et la victoire atteignit son apogée avec la libération de la vieille Jérusalem. Aussitôt, au Mur des Lamentations, un stand de Téfilines fut installé où des millions de juifs de tous les pays purent accomplir cette mitsva. Cela entraîna, parfois, une prise conscience de leur judéité, voire un retour total et sincère à la Torah. La Guerre des Six Jours provoqua de par le monde un regain de l’observance du commandement des Téfilines. Les Téfilines sont un objet de culte typiquement juif. C’est essentiellement par cette mitsva que les garçons sont initiés à devenir des adultes. Ils impliquent un acte concret plutôt que quelque chose de ressenti. Mais on peut se demander: quel est, à notre époque, le message qu’ils transmettent? La menace à laquelle est confrontée la société contemporaine est bien réelle. Les actes de violence existent et augmentent tant en nombre qu’en intensité. Il n’y a pas si longtemps, l’université, bastion du rationalisme, se trouvait être le foyer de la terreur.

Des professeurs de philosophie, des étudiants diplômés, les esprits les plus brillants se sont adonnés à une violence aveugle au moyen d’armes à feu et de bombes. La violence en soi n’est pas un phénomène nouveau. Ce qui est nouveau, c’est que les intellectuels y prennent goût, et ceci est profondément troublant. II est intéressant de noter que dans la Torah, les premiers mots prononcés par Moché Rabbénou s’adressent à un juif qui avait levé la main pour frapper un autre juif : «Pourquoi frappes-tu ton prochain ? » Moché nous est présenté comme celui qui s’insurge contre la violence. Dans cette conjoncture de violence exacerbée, les Téfilines véhiculent un enseignement très singulier. On entoure les lanières autour du bras qui perd ainsi presque toute sa liberté de mouvement; il ne peut dès lors se mouvoir que dans le champ de manœuvre que lui laissent les Téfilines. Le message est clair : l’homme n’est pas libre d’agir comme il l’entend. Il peut bouger le bras, utiliser son aptitude à l’action, mais seulement en accord avec l’esprit des Téfilines ou du Chéma. Certains actes, comme prendre ce qui appartient à un autre, blesser son prochain ou un animal, endommager volontairement des objets, sont nuisibles. Le bras et la main ont la capacité de soigner, d’aider, de créer et de construire, et on doit les utiliser uniquement dans ce but. C’est ce que nous enseignent les Téfilines chaque matin. Et le jeune Bar Mitsvah entre dans la vie, tout comme nous y entrons renouvelés, chaque jour, avec en mémoire le fait que toutes nos actions doivent être en accord avec ces principes de base. L’un des boîtiers des Téfilines est placé sur le bras gauche, près du cœur, symbole du siège des émotions. Or, il y a des sentiments interdits par la Torah. «Ne hais point ton frère dans ton cœur», car la haine est un péché. «Ne garde pas rancune» même si on t’a fait du tort. «Tu aimeras l’étranger» avec toute sa différence, et bien-sûr, «tu aimeras ton prochain comme toi-même.» Nos sentiments peuvent être maîtrisés, et nous en sommes responsables. Nous devons en être maîtres et ne pas nous laisser dominer par eux. Les Téfilines nous donnent un aperçu du potentiel merveilleux inhérent à chacun de nous, d’agir non seulement comme il se doit, mais aussi de rester maître de nos sentiments. Celui qui est sensible au message des Téfilines ne peut accepter l’excuse courante, marque de sa faiblesse, qui consiste à dire : «Je n’ai pas le temps de les mettre» Celui dont le cœur a été sensibilisé aux Téfilines et enflammé pour «aimer ton D.ieu de tout ton cœur», rejettera une telle faiblesse.

L’autre boîtier des Téfilines est placé sur la tète, siège de l’esprit. L’intelligence humaine est à la fois le don le plus merveilleux et la menace la plus inquiétante pour le monde où l’on vit. Si l’homme utilise son cerveau à bon escient, il peut créer un paradis ; dans le cas contraire, il peut causer la destruction totale de la planète. Il se doit d’accorder son esprit aux enseignements de la Torah, ses pensées doivent être pures, dénuées de ruse et de complot. II ne doit pas exagérer son importance aux dépens des autres. Presque tout le monde en Occident a la capacité de lire et d’écrire, mais lorsqu’on en vient à l’éthique, à ces lois morales, fondements de toute société viable, nous avons malheureusement à peine dépassé le stade de l’homme des cavernes ! Les gens éduqués mais dépourvus de morale, ne sont pas dirigés par leur intellect mais par de bas instincts. Les Téfilines nous enseignent que l’intelligence doit avoir une direction. Sans cela, l’homme va à son irrémédiable perte. La Torah nous enjoint de mettre les Téfilines «entre tes yeux». La façon dont nous utilisons nos yeux nous renseigne sur ce que nous sommes. Quand le précédent Rabbi de Lubavitch était encore enfant, il demanda son père pourquoi D.ieu avait donné à l’homme deux yeux. Un œil n’aurait-il pas suffit ? «D.ieu nous a donné deux yeux», lui répondit son père, «un œil droit et un œil gauche. Le droit pour voir les qualités, le gauche les défauts. Utilise ton œil droit pour voir favorablement les autres et le gauche pour te juger ! » Les Téfilines sont le lien et le signe qui relient en un tout indissociable le juif américain, le juif russe, le juif israélien, le juif français, etc… Et parallèlement, ils attachent la main, l’esprit et le cœur du juif à D.ieu et à la Torah, aux idéaux et aux principes divins.

Quelque temps avant la guerre des six jours en 1967, le Rabbi de Lubavitch lança, à travers le monde entier, la Campagne des Téfilines. Cette Campagne a suscité, depuis lors, de nombreuses réactions réprobatrices au sein de la population juive internationale. Craignant que les arguments allégués par les adversaires et détracteurs de cette campagne découragent ceux qui y participent, le Rabbi de Lubavitch a entrepris de répondre à certaines questions.

I. Pourquoi, parmi toutes les 613 Mitsvot, avoir précisément choisi le précepte des Téfilines ?

Au début de cette Campagne, il a été clairement souligné que Sa justification était liée à la parole de nos Sages (Bera’hot 6a) : «Et tous les peuples de la terre verront que tu portes sur toi le Nom de D.ieu, et ils te craindront: il s’agit là des Téfilines de la tête». Or, le besoin du moment, lors du lancement de la Campagne des Téfilines, était effectivement la réalisation du verset: «Que s’emparent d’eux (des nations du monde) la terreur et la crainte», du peuple d’Israël afin qu’elles ne lui causent aucun mal. C’est pour cela que cette Campagne a été lancée. Il est donc étonnant qu’une question puisse encore être posée à ce sujet. Plus profondément, chaque mitsva, en plus de sa finalité première, à savoir l’accomplissement de la Volonté Divine (en ce cas, elle doit être appliquée avec soumission, comme l’indique le texte de la bénédiction sur l’accomplissement des mitsvot : «qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné) possède une vertu particulière. Lorsqu’un homme éprouve un besoin précis, il recherche la mitsva particulière qui est apte à le satisfaire. Bien plus, nos Sages disent clairement (Pessa’him 8a) que «Celui qui dit : je donnerai cette pièce à la tsédakah (charité) pour que vive mon fils est un Juste accompli.» Une question se pose ici : pourquoi spécifier la mitsva accomplie ? Pourquoi ne pas dire simplement «j’accomplirai une mitsva pour que vive mon fils ?» En fait, celui qui désire la vie de son fils, recherchera la mitsva qui possède une telle vertu. Précisément, à propos de la tsédakah, nos Sages disent (Tan’houmah Michpatim 15) : «Le Saint Béni, soit-Il, dit : l’âme du pauvre implorait qu’on la sauve de la famine. Tu as satisfait ses besoins et tu l’as donc fait vivre. Si, demain, ton fils ou ta fille sont malades ou exposés à la mort, Je les en sauverai.» C’est la raison pour laquelle celui qui désire la vie de son fils choisira la mitsva de tsédakah.

C’est pourquoi il a été souligné, avec tant d’insistance, que chaque juif devait mettre les Téfilines, car l’assurance nous a été donnée que l’accomplissement de ce précepte conduit à «ils te craindront» Chaque juif assume une responsabilité collective pour la faute commise, et à plus forte raison, pour la récompense, car «l’attribut de bonté est plus fort que celui de rigueur.» C’est pour cela qu’il a été souligné que cette mitsva ne devait pas être accomplie uniquement par les Juifs qui se trouvent en Israël et qui ont plus particulièrement besoin de la promesse «ils te craindront», mais également par les Juifs du monde entier. Car l’accomplissement de cette mitsva par tous les Juifs, où qu’ils se trouvent, peut réaliser «ils te craindront» sur la Terre d’Israël même. Dans le cas présent, tout particulièrement, la crainte qu’Israël inspire aux peuples qui lui veulent du mal dépend également de cette crainte parmi toutes les autres nations. La Campagne des Téfilines a commencé avec la Guerre des Six jours, peu avant la fête de Chavouot. Or, chaque année, les événements commémorés peuvent être revécus, comme ils se sont déroulés la première fois. Cette année- là, à l’approche du Don de la Torah, l’obligation de l’étude se trouvait particulièrement mise en exergue. Or, nos Sages disent (début du Midrache Tehilim): «accomplissez la mitsva des Téfilines et Je considérerai comme si vous êtes absorbés par l’étude de la Torah jour et nuit». Lors du Don de la Torah, les Juifs acceptèrent la totalité des mitsvot et firent passer leur acceptation avant leur compréhension.

A propos des Téfilines, il est dit (Kiddouchine 5a): «Toute la Torah dans son ensemble est comparée aux Téfilines» (il s’agit ici des mitsvot de la Torah).»

II. En quoi est-il si important de mettre les Téfilines à un Juif une seule et unique fois, et au prix de grands efforts ? Un tel résultat justifie-t-il toute la peine investie ?

Qui dit qu’il faut se contenter de cela ? Que l’on mette les Téfilines à de nombreux Juifs et de nombreuses fois ! Maimonide tranche clairement (Lois sur la Techouvah, 4) que «chaque homme doit se considérer comme étant moitié coupable et moitié juste, qu’il doit penser qu’il en va de même du monde, et qu’il lui est possible, par une seule mitsva, de se faire pencher lui-même et le monde entier du côté du bien. On amène ainsi le salut et la délivrance au monde.» Celui qui accepte cette décision de Maimonide fera de son mieux pour agir pour le bien et le salut du monde. Un crâne qui n’a jamais porté les Téfilines reçoit une punition particulièrement sévère (Roche Hachanah 17a). Or, Maimonide tranche clairement que celle-ci peut être repoussée en mettant une seule fois les Téfilines ! Du reste, d’autres décisionnaires abondent en son sens sur ce point. Un principe de la Michna (Avot 42) affirme qu’«une mitsva en entraîne une autre.» Lorsque l’on arrive à convaincre un Juif de mettre une fois les Téfilines, ceci lui permettra assurément d’accomplir d’autres mitsvot.

III. Il peut paraître insensé de mettre les Téfilines à des Juifs non religieux puisqu’on accomplissant cette mitsva, on doit s’assurer de la pureté de leur cœur, du rejet des mauvaises pensées, etc. (Choul’hane Aroukh Ora’h ‘Haïm Chap. 8). Qu’en pensez-vous ?

Rien ne nous permet de penser que ceux, qui pour l’heure, sont encore éloignés de la pratique auront de mauvaises pensées précisément à l’instant où on les priera de mettre les Téfilines. Nos Sages affirment qu’il est dans la nature humaine de rechercher la nouveauté (Sifri Vaet’hanane 6,6). Aussi, lorsque l’on considère un fait nouveau, lorsque l’on y participe activement, on renouvelle également sa pensée. En tout état de cause, il est clair que ceux qui mettent les Téfilines et ne sont pas habitués à le faire, pensent certainement à cette mitsva au moment où ils l’accomplissent. Le Séfer Mitsvot Gadol écrit : «il n’est pas un impie qui ne soit apte à mettre les Téfilines». En effet, tous ont la pureté nécessaire pour toucher le Séfer Torah, lors de la prière. Ceci est, a fortiori, le cas des Téfilines. Trouve-t-on un quelconque décisionnaire qui interdit à un Juif de toucher le Séfer Torah ? Bien sûr que non ! Cela s’applique aussi aux Téfilines. Bien plus, il est important pour nous de considérer l’exemple concret fourni par l’auteur du Séfer Mitsvot Gadol, lui-même.

En Espagne, et dans d’autres pays, il put convaincre de nombreux Juifs de mettre les Téfilines et de porter des tsitsit. Lorsque cette Campagne a été lancée, il n’était tout d’abord pas question de citer le Séfer Mitsvot Gadol, en particulier lorsqu’il dit : «D.ieu désire que l’impie mette les Téfilines. La mitsva de porter les Téfilines fut essentiellement donnée pour ces «impies» afin de les ramener au droit chemin.» Tout ceci n’est pas lié directement à notre propos. A notre époque, la quasi-totalité de ceux qui ne mettent pas les Téfilines ne sont pas considérés comme des «impies» mais entrent dans la catégorie de «l’enfant retenu en capture parmi les non-Juifs et qui a grandi parmi eux.» «Les Téfilines, disent nos Sages, exigent un corps pur: pendant que vous les portez, abstenez-vous donc de toute action irrespectueuse. Mais il n’est pas interdit ni à celui dont le corps est impur, ni à celui qui est souillé par des fautes, de mettre les Téfilines; qui sait si en pratiquant cette mitsva, il ne finira pas par en comprendre toute la valeur et qu’il arrive ainsi peu à peu à abandonner ses fautes et à purifier ses pensées! Nos Sages nous ont recommandés d’initier même les enfants (avant la Bar Mitsvah) à cette mitsva précieuse, dès lors qu’ils sont assez grands pour savoir les traiter avec respect. On peut en conclure que nos Sages pensent que tout homme en Israël doit être attaché à cette mitsva, apte à protéger contre les mauvaises pensées et les mauvaises actions, et à nous initier au service de D.ieu !

Peut-être ceux qui exaltent le caractère sacré des Téfilines au point d’arriver à ce que beaucoup de gens négligent cette Mitsvah, ont-ils les meilleures intentions du monde ! Mais en vérité, la conséquence de cette attitude est désastreuse ! Je sais bien que ceux qui parlent ainsi se basent, entre autres, sur un fait rapporté par le Talmud de Jérusalem: un homme avait confié une coupe d’argent à son prochain et lorsqu’il la réclama, l’autre nia les faits. Et le propriétaire de la coupe de lui dire : «ce n’est pas en toi que j’avais confiance, mais en ce symbole que tu portes sur ton front ! C’est donc que le Saint Nom se trouve profané par celui qui se comporte comme un ‘hassid pour certaines choses tout en négligeant d’autres plus importantes peut-être ! Néanmoins je ne partage pas cette façon de voir car je sais qu’«il n’est pas d’homme juste sur terre qui fasse le bien sans jamais faillir» (Eccl. VII,2). Pourtant, il ne faut empêcher qui que ce soit d’accomplir une mitsva au moment où il est animé d’un bon esprit. Qui sait s’il ne poursuivra pas cette bonne voie jusqu’à sa mort? Nos Sages ne nous ont-ils pas enseigné (Pirké Avot 4,2) qu’une mitsva en entraîne une autre et que la récompense de la mitsva est en elle-même ?» ( Séfer Ha’hinoukh)

IV Le Atèret Zèkènim (Ora’h ‘Haïm 260,25), après avoir expliqué le sens des Téfilines, conclut : «Si on ne connaît pas le sens (de cette mitsva), les Téfilines, sur la tête et le bras, deviennent comme des pierres, D.ieu nous en préserve.» Pourquoi donc s’efforcer de mettre les Téfilines à ceux qui n’en perçoivent pas le sens ?

Le Choul’hane Aroukh explique clairement (Ora’h ‘Haïm, fin du chap. 64) que la seule pensée absolument nécessaire lors de l’application de la mitsva est l’intention de s’acquitter de son devoir. Faute de quoi, la mitsva serait disqualifiée. Le Atéret Zékénim est assurément en accord avec cette position. Il affirme donc que celui qui met les Téfilines sans savoir ce que renferment les parchemins qu’ils contiennent, est considéré comme s’il mettait sur lui des pierres. Mais il est clair que l’on ne peut dire que celui qui ne connaît pas le sens des Téfilines est dispensé de cette mitsva. Bien au contraire, en accomplissant, il mérite une grande récompense. Et rien ne peut être déduit de la sévérité des propos du Atéret Zékénim. Celle-ci se retrouve dans différents écrits de nos Sages. Bien plus, d’après le Maguen Avraham, lorsque cela aboutit à un résultat plus restrictif, on peut se dispenser de l’intention des mitsvot. Dans ce sens, même si l’on est assuré qu’un Juif n’aura aucune intention en mettant les Téfilines, on a l’obligation de veiller à ce qu’il accomplisse néanmoins cette mitsva. Le Choul’hane Aroukh (Orah Haïm chap.98 § l) tranche clairement que l’on doit se considérer «comme si l’on était face à D.ieu; avant la prière, on méditera sur la grandeur de D.ieu et la petitesse de l’homme. On retirera les plaisirs matériels de son cœur.» Malheureusement, qui prête attention à cela ? Si peu de gens adoptent un tel comportement trois fois par jour, à chaharit, min’hah et maariv ! Or, penserait-on qu’à cause de cela, il faut arrêter de prier, bien que de la prière il soit dit dans la Michna : «on ne peut la faire qu’avec la tète lourde» ! (c’est-à-dire avec humilité)

C’est donc la réponse qui peut être donnée aux questions qui ont été posées. En tout état de cause, il ne s’agit là que de craintes. Celles-ci ne sauraient en aucun cas repousser un commandement positif de la Torah. Chaque Juif est donc astreint à l’accomplissement de cette mitsva. Il faut s’efforcer, même cent fois chez la même personne, de promouvoir l’étude de la Torah et la pratique des mitsvot. A ceux qui prétendent se dispenser d’agir en ce sens, en prétextant que l’issue d’une telle Campagne est aléatoire, plusieurs réponses peuvent être données :1) Faire des reproches à un ami consiste essentiellement à le ramener à l’étude et à la pratique. Même si l’effort se déclare vain, le reproche intrinsèque reste une mitsva. De la même façon, la mitsva de rechercher le ‘Hamets n’implique pas que l’on en trouve, mais uniquement qu’on le cherche. Celui qui ne fait aucun effort en ce sens transgresse un commandement de la Torah. Bien plus, la mitsva s’applique également lorsque l’on est assuré que la réprimande n’aura aucun effet.

2) Même si le reproche n’a de sens que dans la mesure où il est couronné de succès, l’échec n’est, à priori, pas certain. Puisqu’il s’agit d’une mitsva de la Torah, tout doute (quant à l’aboutissement d’un tel reproche) doit être considéré de la manière la plus sévère, et en conséquence, ne doit pas nous empêcher de le formuler 3) De tels doutes n’avaient leur place qu’avant le début de la Campagne. Actuellement, on a pu voir avec quel enthousiasme cette mitsva a été accueillie et le nombre infime de refus qui ont été essuyés. Le doute n’existe donc plus ! En plus de la mitsva de faire des reproches à son ami, qui entre dans le cadre de la «responsabilité collective», on doit également témoigner de l’amour à son prochain et considérer que chaque acte positif peut faire pencher le monde entier du côté du bien. Par ailleurs, on peut ressentir concrètement qu’en s’efforçant de mettre les Téfilines à d’autres Juifs, on voit sa propre vitalité accrue dans l’accomplissement des mitsvot en général, et celle des Téfilines en particulier. Puissent de nombreux Juifs suivre l’exemple de ceux qui participent déjà à cette Campagne Mondiale. Que chacun fasse porter ses efforts sur la Campagne des Téfilines ! Chaque fois qu’un Juif de plus met les Téfilines, il fait pencher le monde du côté du bien et rapproche le moment de notre délivrance véritable et complète avec la venue du Machia’h très prochainement.

Conformément à notre loi, un garçon juif, au jour anniversaire de sa treizième année, est considéré comme un juif accompli. Il devient alors «Bar-Mitsvah», ce qui signifie «fils de la mitsva», c’est-à-dire qu’il est obligé de se conformer à toutes les lois et coutumes juives. L’une de ces lois auxquelles la Torah nous commande de nous conformer, ce sont les Téfilines. C’est une coutume d’initier le garçon à l’usage des Téfilines deux mois avant la date fixée pour sa Bar-Mitsvah. La mitsva des Téfilines est applicable en tout lieu et en tout temps, aux hommes seulement, puisqu’il s’agit d’un commandement positif lié à des heures fixes, et donc les femmes en sont dispensées. Pourtant si une femme veut mettre les Téfilines, on ne le lui interdit pas, et c’est de sa part un acte méritoire. Toutefois, son mérite n’est pas comparable à celui de l’homme qui a l’obligation de les mettre. On rapporte dans le Talmud que Mi’hal, fille de Saül, mettait les Téfilines, de même qu’on cite la femme du prophète Jonas qui montait en pèlerinage aux trois fêtes.

Les Téfilines doivent être revêtus les jours de semaine avant de commencer la prière du matin. Toutefois, si pour une raison quelconque, il n’a pas été possible de le faire le matin, on peut les revêtir plus tard dans la journée, mais non après le coucher du soleil A Ticha Beav (le 9 du mois de Av), les Téfilines ne sont pas revêtus à la prière du matin, mais le sont à celle de l’après-midi. Le Chabbat, les jours de fête chômées, y compris ‘ Hol Hamoëd, on ne met pas les Téfilines ; en effet, les Téfilines étant appelés (symbole) et le Chabbat et les Jours de Fêtes étant, eux aussi, des symboles, mettre les Téfilines ces jours-là reviendrait à diminuer leur valeur intrinsèque. Au sujet du port des Téfilines pendant ‘Hol Hamoëd (jours de demi-fête), il y a désaccord entre les décisionnaires et les différences d’usage. Certaines communautés adoptent l’avis de ceux qui tranchent qu’on ne les met pas ; d’autres conforment leur usage à l’opinion de ceux qui décident de les mettre, mais sans dire de bénédiction à haute voix, à la synagogue, comme les autres jours de l’année.

La coutume ‘habad et séfarade est de ne pas les mettre pendant ‘Hol Hamoëd. Pour celui qui n’a pas de Téfilines, alors que l’assemblée est en prière, il est préférable d’attendre la fin de la prière de l’assemblée pour emprunter les Téfilines d’un autre fidèle, afin de lire le Chéma et de prier le Chmoné Essré, prière des 18 bénédictions appelée aussi amidah, avec les Téfilines sur soi, plutôt que de prier avec l’assemblée, sans Téfilines. Mais celui qui craint que ne passe le temps de la lecture du Chéma avant qu’il ne trouve des Téfilines, lit le Chéma sans les porter. S’il craint aussi que passe le temps de la prière, il prie également ainsi. Quand il trouvera ensuite des Téfilines, il les mettra en récitant les bénédictions et dira un Psaume avec les Téfilines sur lui, ou la prière de min’ha. La nuit n’est pas le moment de porter les Téfilines et il est donc interdit de les mettre. Il est permis de prendre les Téfilines d’un autre, même à son insu, pour les mettre et dire la bénédiction.

Par «détournement de la pensée», il faut entendre plaisanterie, légèreté ou conversation futile qui constituent un manque de crainte et de respect. Pendant tout le temps que l’on porte les Téfilines, il ne faut, en aucune manière que la pensée s’en détourne, excepté pendant la prière du Chmoné Essré et l’étude. Ceci est déduit par un raisonnement à fortiori du diadème que portait le Grand-Prêtre. En effet, si déjà à propos du diadème où il n’est écrit qu’un seul Nom de D.ieu, la Torah dit «Et il sera sur son front continuellement», d’où l’interdiction de ne pas détourner sa pensée, en ce qui concerne les Téfilines, dont la sainteté est encore plus grande que le diadème, puisque plusieurs Noms de D.ieu y sont écrits, à plus forte raison ne doit-on pas en détourner notre pensée.

On enlève les Téfilines debout. On défait les tours du doigt et deux ou trois tours du bras. On enlève d’abord le Téfiline de la tête et ensuite celui de la main, car il est écrit : «et ils seront en ornement entre tes yeux». (Deut. VI,8). De ce qu’il est écrit «ils seront» au pluriel, nos Maîtres ont déduit que tout le temps où l’un est «entre tes yeux», les Téfilines en place doivent être deux. C’est pourquoi on met d’abord celui de la main et on enlève d’abord celui de la tête. Ainsi pendant tout le temps où on porte celui de la tête, on porte aussi celui de la main. Il y a lieu d’enlever le Téfiline pour la tête, de la main gauche qui est la main la plus faible, pour montrer qu’il est pénible de les enlever, parce que le commandement est de garder sur soi les Téfilines toute la journée. Mais parce que nous n’avons pas le corps pur, nous les ôtons immédiatement après la prière. On n’enlève pas les Téfilines devant un Séfer Torah (rouleaux de la Loi), ni devant son maître, mais on se tient à l’écart.

On met les Téfilines debout. II ne faut pas les sortir de leur sac en le secouant, ce qui serait un signe de mépris pour le commandement, mais les prendre à la main. Un usage des Sages est d’embrasser les Téfilines au moment où on les met et au moment où on les enlève. Il ne faut pas enlever le talit avant d’avoir ôté les Téfilines. C’est un bon usage de les toucher quand on dit le verset suivant des Psaumes: «ouvre Ta main, (on touche le Téfiline du bras) et rassasie avec bienveillance tout être vivant» (on touche le Téfiline de la tête. (Psaume 145/16); quand on dit la bénédiction introductive aux bénédictions du Chéma : «béni sois-Tu Etemel, notre D.ieu, Roi de l’univers, qui crée la lumière (on touche le Téfiline du bras) et qui crée l’obscurité (on touche le Téfiline de la tête) qui fait la paix et qui crée tout»; quand on mentionne également le commandement des Téfilines au cours de la lecture du Chéma. Quand on dit «et tu les attacheras en signe sur ta main» on touche celui de la main et on l’embrasse. Et quand on dit «et ils seront en ornement entre tes yeux», on touche celui de la tête et on l’embrasse (on embrasse le bout des doigts qui ont touché les Téfilines). On place les Téfilines dans leur sac, de façon à extraire le lendemain celui de la main d’abord. Il ne faut pas poser celui de la main sur celui de la tête, puisque la sainteté de celui de la tête est supérieure à celui de la main, mais on placera l’un à côté de l’autre. On met le sac avec des Téfilines dans le sac du talit dessous, et le talit dessus, pour que le talit se présente en premier. Si on a laissé tomber les Téfilines par terre sans leur sac, il y a lieu de jeûner; mais s’ils sont tombés étant dans leur sac, on n’a pas besoin de jeûner, mais on donnera une pièce à la tsédaka. Il ne faut enlever les Téfilines qu’après la Qedouchah (sanctification) de Ouva Letsion. Dans les endroits où les jours de lecture de la Torah il est d’usage de ne remettre les rouleaux en place qu’après la Qedouchah de Ouva Letsion, on n’enlève pas les Téfilines avant qu’on ait rapporté les rouleaux de la Torah dans l’arche. Une allusion à cela se trouve dans la Bible: «leur roi passait devant eux, et l’Eternel à leur tête.» (Mich. 11,13). Un jour de circoncision, il ne faut pas enlever les Téfilines avant que la circoncision soit terminée. Pendant la Néoménie, on les enlève avant la prière de moussaf (prière supplémentaire). Pour ceux qui mettent les Téfilines pendant ‘Hol Hamoëd, tous les jours de demi-fête à Soukkot (fête des cabanes) on enlève les Téfilines avant de lire le Hallel (PS. CXIII et suivants) et les jours de demi-fête à Pessa’h, les fidèles les enlèvent avant le Hallel et l’officiant après.

Les Téfilines exigent un corps pur et, quand on les a sur soi, il faut veiller à ne pas laisser des flatulences s’échapper. Celui qui est malade des intestins, même s’il n’a pas de douleur, est dispensé de mettre les Téfilines, parce qu’il ne peut se maintenir dans l’état de pureté convenable. S’il lui paraît possible que son corps reste pur le temps de dire le Chéma et le Chmoné Essré, il met alors les Téfilines. Mais un autre malade qui souffre à cause de sa maladie et dont l’esprit est perturbé à cause de la douleur, est dispensé des Téfilines, parce qu’il est interdit d’en détourner sa pensée. Sinon il doit les mettre.

Celui qui veille à la prescription des Téfilines pour se conduire avec sainteté quand il les porte, pour ne pas prononcer de paroles vaines ni de conversation profane, prolonge ses jours et est assuré de participer au monde futur, car il est dit «l’Eternel est sur eux (parce qu’ils portent sur eux le Nom de l’Eternel), ils vivront et tous ceux en qui vit Mon esprit ; donne-moi la santé et fais-moi vivre». (Is. XXXVIII, 16). «Téfilines» a le sens de discernement et de démonstration car les Téfilines sont un témoignage et une preuve que la Majesté divine réside sur nous comme dit le verset : «Et tous les peuples de la terre verront que le Nom de D.ieu est invoqué sur toi.» (Deut XXVIII, 10). Nos Maîtres expliquent qu’il s’agit du Téfiline de la tête sur lequel se trouve la lettre chine du Nom «Ch-daï» (Tout-Puissant). Pour cette raison, il ne faut pas couvrir complètement le Téfiline de la tête avec le talit.

Pour ceux qui n’auraient pas le temps de faire la prière du matin, il sera bon néanmoins qu’ils disent les versets suivants dans l’ordre indiqué:

Haréni mékabel alaï mitsva assé chel véahavta léréa’ha kamo’ha.
«J’accepte sur moi le commandement positif «tu aimeras ton prochain comme toi-même». (Lévit 19).

Chéma Israël ado-naï élo-hénou ado-naï e’had. Barou’h chèm kevod mal’houto léolam vaëd

A’h tsadikim yodou lichmé’ha yéchvou yécharim éte pané’ha :
Les justes loueront Ton Nom, les droits contempleront Ta Face». (Psaumes 140/14)

Les horaires sont consultables dans les calendriers juifs. Ceux qui, en hiver, seraient dans l’impossibilité de prier avec les Téfilines en respectant l’horaire habituel de l’aurore, peuvent exceptionnellement devancer d’une vingtaine de minutes l’heure limite indiquée. On pourra les porter jusqu’au coucher du soleil conformément au verset {Exode XIII 10) : «Tu observeras ce statut de jour en jour» (il s’agit des Téfilines). Toutefois, si pour une raison quelconque, il n’a pas été possible de le faire le matin, on peut les mettre plus tard dans la journée. Mais, en tout état de cause, il faudra les mettre impérativement avant le coucher du soleil.

Quand les Téfilines sont présumés conformes à la règle, tout le temps que les boîtes sont intactes, on considère qu’il en est de même pour les parchemins de la Torah, et ils n’ont donc pas besoin de vérification. Cependant, par hidour mitsva (embellissement de la mitsva) il est fondé de les examiner une fois par an car ils peuvent s’abîmer parfois à cause de la transpiration. En général, il est judicieux de les vérifier deux fois en sept ans. De même, si la boîte est déchirée, les parchemins ont aussi besoin d’un examen; de même s’ils sont tombés dans l’eau. Cependant, s’il n’y a personne qui sache les examiner et les recoudre, on les laissera tels quels, sans examen, pour ne pas être empêché d’accomplir le commandement des Téfilines, mais on ne dira pas de bénédiction (Pri Megadime). Celui qui met des Téfilines impropres à l’usage, non seulement n’accomplit pas le commandement, mais dit des bénédictions en vain, ce qui est une grande faute. C’est pourquoi il faut prendre bien soin d’acquérir des Téfilines d’un scribe compétent et craignant D.ieu. De même, il faut acquérir des lanières d’un homme de confiance pour être certain qu’elles ont été tannées pour cet usage et proviennent de peaux d’animaux purs. Certains achètent des Téfilines et des lanières à n’importe qui parce qu’ils sont vendus bon marché, mais, en fait, ils sont impropres à l’usage. Il est infiniment regrettable que des Téfilines mal faits, voire contenant des parchemins imprimés aient inondé le marché. Ces Téfilines ne sont pas cachers et ne doivent pas êtres utilisés ! Celui qui craint D.ieu aura à cœur ceci: si l’on s’applique à avoir des vêtements et des ustensiles convenables, à plus forte raison ne faut-il pas économiser pour acquérir des objets prescrits par D.ieu. Il faut veiller à ce que les boîtes et lanières soient bien entretenues et noires. Il y a lieu de graisser en permanence les lanières pour qu’elles soient noires. Si les Téfilines sont abîmés, même seulement de façon partielle, ou si les coutures sont rompues, il faut demander à quelqu’un de compétent s’ils sont propres à l’usage. Il faut être spécialement vigilant pour les coins, et en particulier pour les boîtes qui vont sur la tête, car il est très courant qu’elles subissent un frottement et deviennent trouées à cet endroit et impropres à l’usage. De même, il est très fréquent qu’à cause du vieillissement des Téfilines, un peu de la peau supérieure de la boite de la tête se détache et rende cette boite impropre à l’usage.

Nos Sages ont énoncé dix conditions pour la confection des Téfilines du bras et du front; elles sont toutes fondées sur une tradition remontant jusqu’à Moché Rabénou), et toute modification de l’une de ces conditions rendrait les Téfilines impropres à l’usage. Conditions concernant l’écriture des passages de la Torah sur les parchemins :

1 ils doivent être écrits à l’encre noire.
2 sur du parchemin. Conditions concernant les battim (capsules):
3 elles doivent être en cuir et de section carrée (cubique).
4 sur la face extérieure de celui du front sera imprimée en relief à gauche et à droite, la lettre chine.
5 les rouleaux de parchemin, un pour le Téfiline du bras, quatre pour le Téfiline de la tête, sont enroulés et entourés d’un bout d’étoffe (matlit).
6 ces rouleaux, attachés avec un poil d’animal pur, sont introduits dans la capsule.
7 les capsules reposent sur une base carrée, en cuir, qui le ferme et sur laquelle elles sont fixées au moyen de tendons. (guidim)
8 cette base (socle) de cuir se termine par une gaine dans laquelle on fait passer la lanière.
9 les lanières doivent être noircies à l’encre. 10 celle du bras se termine par un nœud en forme de youd auquel on ajoute un lacs; celle du front a en son milieu un nœud en forme de dalet.

LE TEFILINE DU BRAS

II nous est ordonné d’attacher à notre bras les Téfilines selon le verset 8, chapitre 6 du Deutéronome. Voici comment il faut entendre ce texte selon la Loi Orale: nous devons attacher à notre bras un rouleau de parchemin dans lequel sont transcrits quatre passages de la Torah où cette mitsva est mentionnée Ces passages sont les suivants: (Exode 13,1 à 10), Exode XIII, 11 (Deut. VI,4 à 9), (Deut. XI, 13 à 21). Ces textes sont inscrits dans l’ordre où ils apparaissent dans la Torah, sur un même parchemin qui est introduit dans une petite boîte attachée au bras. On l’attachera au moyen d’une lanière au bras gauche ; une fois en place, la capsule contenant les parchemins sera couchée sur le cœur.

LE TEFILINE DE LA TETE

II est ordonné de mettre des Téfilines sur le front (Deut. 6,8). Nous avons précisé plus haut en quoi consiste cette mitsva: les quatre passages transcrits sur parchemin, placés dans une boîte en cuir, nous devons les porter «entre les yeux», sur notre front Ces textes nous rappellent spécialement le principe de l’unité et du pouvoir illimité de D.ieu, et l’événement essentiel que constitue pour notre foi la sortie d’Egypte, puisqu’elle nous apprend l’existence d’un D.ieu Créateur et Providence des hommes. Ce sont les bases essentielles du Judaïsme, et nous devons les porter chaque jour sur notre front et sur notre cœur, car le cerveau et le cœur sont les centres de la vie intellectuelle et sensuelle de l’homme. Nous apprenons ainsi à consacrer à D.ieu notre esprit et notre cœur, ce qui nous aide à accomplir notre tâche journalière. L’ordre dans lequel doivent être écrites les passages est l’ordre dans lequel ils apparaissent dans la Torah (Mena’hot34 b). Il est à rappeler d’autre part les prescriptions minutieuses sur l’écriture, sur les couronnes à placer sur certaines lettres, sur la préparation du parchemin qui doit être faite spécialement dans ce but, sur la face de la peau qui doit porter l’écriture, sur la façon de fixer les boîtes sur leur base après y avoir introduit les parchemins; sur l’interdiction de les faire écrire par un non-juif ou par un apostat. Indiquons à présent les différences essentielles entre les deux sortes de Téfilines. Le Téfiline du bras a un seul compartiment, et le parchemin unique portant les quatre passages y est introduit. Le Téfiline de la tête est au contraire divisé en quatre compartiments dont chacun contient une des quatre passages. Sur les faces latérales de la capsule, on reproduit, par des plis imprimés au cuir, la lettre chine: sur la droite (par rapport à celui qui porte les Téfilines), le chine a trois branches sur la face gauche quatre branches. La lanière traverse la gaine aménagée à la base de la capsule, et ses extrémités sont liées par un nœud en forme de dalet, ajusté suivant le tour de tête de celui qui le porte. La forme du nœud est enseignée par la tradition. Les parties libres de la lanière de part et d’autre du nœud auront une longueur suffisante pour arriver à la hauteur du nombril. La capsule se place à la hauteur du cerveau, son bord supérieur ne montant pas plus haut que l’endroit de la fontanelle. C’est ainsi que selon la tradition, il faut comprendre l’expression «entre tes yeux»; aussi, celui qui fait descendre ses Téfilines sur le front, entre les yeux, agirait à l’encontre de la tradition. Extrait du Séfer Ha’hinoukh du Rav Aaron Lévy(P. 256 à 258).

LES TEFILINE DE D.IEU

Rabbi Avin bar Rav Ada dit au nom de Rabbi Its’haq: «où est-il écrit que D.ieu porte les Téfilines ?» Il est écrit: «D.ieu a juré par Sa main droite et par le bras de Sa force». (Is. 62-8). «Sa main droite», c’est la Torah, comme il est écrit : «de Sa main droite. II leur a donné une Loi de feu». (Deut.33:2) «Le bras de Sa force», ce sont les Téfilines, comme il écrit :«D.ieu donne la force à Son peuple». (PS. 29:11). Mais où trouvons-nous que les Téfilines sont la force et la puissance d’Israël ? Il est écrit : «Et les nations de la terre verront que le Nom de D.ieu est sur vous; ils verront votre force et ils auront peur». (Deut. 28:10). Nous avons appris que le célèbre Rabbi Eliézer a dit: «Ce verset se réfère aux Téfilines de la tête» Rabbi Na’hmane bar Its’haq demanda à Rabbi ‘Hiyah bar Avin: «Et qu’est-il écrit dans les Téfilines du Maître du monde?» Il répondit qu’ils contiennent le verset (Chroniques, 17:2) «qui est comme Ton peuple Israël, peuple unique sur la terre, que D.ieu a racheté pour être Son peuple, pour faire connaître Son Nom par de grandes et terribles choses» (Bera ‘hot 6 a). Il est écrit que D.ieu dit à Moché: «Je retirerai Ma main et tu Me verras de dos, mais tu ne pourras voir Ma face». (Ex. 33:23). Rabbi ‘Hana bar Bizna dit au nom de Rabbi Chimon ‘Hasida: «Nous apprenons que D.ieu a montré à Moché le nœud des Téfilines de la tête». (Ibid 7a). Nous avons là l’un des enseignements le plus mystérieux de tout le Talmud. On apprend que D.ieu porte les Téfilines où est consignée la louange du peuple juif. On nous dit encore que lorsque Moché demanda à D.ieu de lui montrer le secret de la Providence Divine, D.ieu lui montra alors le nœud de Ses Téfilines. Que signifie tout cela ? Nous savons que D.ieu n’est pas un Etre matériel et qu’Il n’a pas de forme corporelle. Nous ne pouvons certainement pas imaginer qu’il porte des Téfilines d’une manière concrète. Cependant, nos Sages nous donnent un enseignement important en affirmant que D.ieu porte les Téfilines. Quel est le message contenu dans cet enseignement remarquable ? Comme cela a déjà été dit, le commandement des Téfilines surpasse toutes les autres mitsvot. En tant que tel, il est le fondement de la compréhension de tous les autres commandements. Il nous renseigne, en quelque sorte, sur la relation existant entre D.ieu et le peuple juif. Une étude plus approfondie nous fera comprendre ce lien. LE BUT DE

LA CREATION

Pourquoi D.ieu a-t-Il créé le monde? Il y a une limite au-delà de laquelle nous ne pouvons comprendre; cependant, nos Sages nous donnent certaines explications. D.ieu a créé le monde par un pur acte d’amour. Cela fut un acte d’amour si immense que l’esprit humain ne peut le saisir. D.ieu a créé le monde entier en tant que réceptacle où II pourrait déverser Sa bonté. Mais l’amour de D.ieu est si grand que le bien qu’il donne doit être le meilleur possible, autrement cela ne serait pas suffisant Quel est donc le bien ultime que D.ieu peut donner à Sa création? Si l’on y pense un instant, la réponse est évidente. Le bien ultime, c’est D.ieu Lui-même. Il n’y a rien de plus grand que d’atteindre l’union avec le Créateur dans Son essence. C’est pour cela que D.ieu a donné à l’homme la possibilité de Lui ressembler.

Le premier moyen pour y parvenir est le libre-arbitre. D.ieu agit en étant libre, sans contrainte préalable; II fait le bien, choisissant librement de le faire; il en est ainsi pour l’homme. Selon plusieurs commentateurs, telle est la signification du fait que l’homme a été créé «à l’image de D.ieu». Mais un autre acte est nécessaire: trouver un moyen d’atteindre D.ieu. Seul D.ieu peut donner ce moyen: c’est la Torah. Ainsi nos Sages nous enseignent que la Torah est l’étalon de toute la création. La Torah nous donne le moyen par lequel l’homme peut participer au Divin, et ainsi accomplir l’objectif de D.ieu dans la création. Comme le dit le psalmiste : «Tu as fais connaître le sentier de la vie ; dans Ta présence est la plénitude de la joie, dans Ta main droite, le bonheur éternel». (Ps. 16:11). La Torah elle-même nous dit : «Et D.ieu nous a ordonné de garder tous ces commandements… pour notre bien, toujours. Et ce sera le bien pour nous si nous respectons toutes ces mitsvot devant l’Eternel notre D.ieu comme II nous l’a ordonné» (Deut. 6:24,25).

Mais un troisième élément s’impose encore : nous avons besoin de quelqu’un pour suivre ce plan et recevoir la bénédiction de D.ieu. Ceci nous amène aux Téfilines de D.ieu. A plusieurs reprises, la Torah parle de D.ieu comme s’il avait une forme corporelle. Nous trouvons des anthropomorphismes tels que «la main » de D.ieu, «l’œil » de D.ieu. Que signifient-ils? Nous savons que D.ieu est absolument incorporel et qu’Il n’a ni corps, ni forme. Mais nos Sages nous enseignent que D.ieu emprunte les termes de ses créatures pour exprimer la relation avec le monde. A quoi se réfèrent ces termes? Nous trouvons une allusion à cela dans l’introduction d’Eliahou au Tikouné Zohar où il est dit: L’amour est la main droite, la Puissance est la gauche, la Gloire est le corps, la Victoire et la Splendeur sont les deux pieds. La Sagesse est le cerveau, la Compréhension est le cœur et la Couronne de tout cela est l’endroit où reposent les Téfilines. D.ieu créa le monde avec une sagesse infinie. La Torah dit : «Combien grandes sont Tes œuvres, ô D.ieu, Tu les as toutes créées avec sagesse». (Liturgie, Ps. 104:24).

Cependant, quelque chose de plus élevée doit avoir préséance sur la sagesse. Il s’agit de l’objectif, de la volonté et du désir de créer. Tout comme une couronne repose au-dessus de la tête, le but et la volonté sont au-dessus de la Sagesse. La couronne de toute la création est le dessein de D.ieu. Eliahou dit: «La couronne de tout est l’endroit où sont placés les Téfilines. Ceci signifie que les Téfilines de D.ieu sont intimement liés à Son objectif premier. Le Talmud demande ce qui est contenu dans les Téfilines de D.ieu. Il s’agit du concept d’Israël, le Peuple Juif. Lorsque Eliahou dit: «La couronne de toute chose est l’endroit où sont placés les Téfilines», il veut nous signifier que le concept d’Israël est lié au but que s’est fixé D.ieu dans l’œuvre de la création comme moyen pour l’homme d’atteindre ce bien. Ainsi, les seuls capables d’acquérir ce Bien ultime sont ceux qui acceptent la Torah, c’est-à-dire le Peuple juif. Cet objectif originel de D.ieu requérait un réceptacle pour recevoir Son Bien. En acceptant la Torah, Israël devint ce réceptacle. Voilà ce qu’ont voulu expliquer nos Sages lorsqu’ils affirment que le monde a été créé pour Israël. C’est aussi cela qu’ils voulaient exprimer en nous enseignant que «le concept d’Israël a précédé toute autre chose.» Le Peuple Juif constitue réellement les Téfilines de D.ieu.

Les lanières des Téfilines de la tête tombent sur la droite et sur la gauche. Ceci symbolise les deux forces contraires de la Providence Divine : l’amour et la rigueur. Le Bien provient de l’amour de D.ieu, tandis que la punition émane de Sa rigueur. Ces deux forces s’unissent pour former la justice de D.ieu symbolisée par le nœud des Téfilines sur Sa tête. Moché demanda à D.ieu de lui révéler la profondeur ultime du but de la création (Ex. 33:18) : «Montre-moi, je Te prie, Ta gloire». D.ieu répondit qu’une telle perception dépassait l’entendement humain. «Tu ne peux voir Ma face, car aucun homme ne peut Me voir et vivre».

Cependant, D.ieu accepta de se montrer à Moché «de dos», c’est-à-dire, de lui montrer le but de Sa justice. Ainsi dit-Il à Moché : «J’enlèverai Ma main et tu Me verras par derrière, mais Ma face ne peut être vue» (Ibid 33-23) Nos Sages nous enseignent que Moché voulut comprendre la vraie finalité de la justice de D.ieu. Il lui demanda: «Pourquoi les bons souffrent-ils et les méchants prospèrent-ils ?» D.ieu montra alors à Moché le nœud des Téfilines de Sa tête, l’endroit où l’Amour et la Rigueur sont liés, formant le lien de la justice de D.ieu. Les lanières des Téfilines de la tête pendent sur le devant du corps; ceci indique que D.ieu dirige les forces de l’histoire jusqu’au plus bas des niveaux. Mais là encore, D.ieu a besoin que ces forces de l’histoire soient intimement liées à la destinée ultime d’Israël. D.ieu guide aussi l’homme pour qu’il réalise la finalité suprême de Sa création. La Torah dit : «Et les peuples de la terre verront que le Nom de D.ieu est sur toi et ils te craindront». (Deut. 28-10) Le Talmud explique que cela se réfère aux Téfilines de la tête, car ceux-ci indiquent que le peuple juif constitue la finalité essentielle de toute la création. Or, cela n’est pas du tout évident.

C’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle les Téfilines sont noirs. Cette couleur signifie que les desseins de D.ieu restent cachés et obscurs. Les parchemins blancs ne peuvent être accessibles que lorsque l’on traverse cette frontière obscure. En résumé, l’endroit où l’on met les Téfilines indique la finalité ultime de D.ieu. Ses Téfilines sont le symbole du Peuple juif qui est lié à Lui dans le seul but d’accomplir cette finalité. Lorsque nous parlons de la «main» de D.ieu, nous évoquons Son action dans le monde. La main de D.ieu agit en guidant les forces de l’histoire et le destin de chaque individu. Bien que chaque être humain soit doté du libre-arbitre, D.ieu guide le cours général de l’histoire vers les buts qu’il s’est fixés. C’est Lui qui détermine les volontés dans l’ensemble des sociétés et Sa main dirige les gouvernements. C’est ce qu’exprime la Bible lorsqu’elle énonce : «Le cœur du roi est dans la main de D.ieu ; II le dirige là où II le désire.» (Proverbes 21-1)

La finalité ultime de l’histoire est une société parfaite, véhicule de la bonté de D.ieu. Cette finalité est l’Ere Messianique parce qu’elle constitue le noyau de tout le processus de l’histoire. Elle représente l’une des croyances fondamentales du Judaïsme et nous rend optimistes quant à l’avenir ultime de l’humanité. Le peuple juif a un double rôle à jouer dans le plan de D.ieu. Tout d’abord, il est Son outil principal pour amener la perfection dans le monde. Par leur observance de la Torah, les Juifs peuvent servir d’exemple en apportant à toute l’humanité l’enseignement de D.ieu. Ainsi, D.ieu a dit à Son prophète : «Moi, le Seigneur, Je t’ai désigné… pour être une lumière pour les nations.» (Is. 42:6) En second lieu, l’Ere Messianique sera une époque où le peuple juif sera reconnu par toutes les nations. Depuis 3000 ans, nous sommes restés fidèles à D.ieu malgré toutes les persécutions et toutes les souffrances. A l’époque Messianique, nous serons reconnus comme étant les vrais serviteurs de D.ieu. Comme l’affirme le prophète : «D.ieu a juré de Sa main droite et par le bras de Sa puissance qu’Il ne donnera plus jamais notre blé à nos ennemis, et que les étrangers ne boiront plus jamais le vin que nous avons fabriqué.

Mais ceux qui auront semé mangeront et loueront D.ieu, et ceux qui auront récolté la vigne boiront le vin dans Mon sanctuaire.» (Is. 62:8) Telle est la prophétie de l’Ere Messianique. Mais si l’on se rappelle la citation talmudique du début de ce chapitre, on constatera que le Talmud déduit de ce verset que D.ieu porte les Téfilines. Le Téfiline de la main est le signe que le destin d’Israël est exclusivement lié à tout ce que D.ieu fait dans le monde. La main de D.ieu agit et guide le monde vers la finalité qui a présidé à sa création. Nous voyons cela explicitement dans le commandement même des Téfilines. La Torah dit : «Cela sera un signe sur ta main et entre tes yeux, car c’est avec une main puissante que D.ieu nous a fait sortir d’Egypte». (Ex. 19:16). Tel est le lien direct entre les Téfilines et l’action de D.ieu. En bref, les Téfilines de D.ieu représentent le peuple juif qu’il porte sur Sa tête et à Son bras pour montrer la relation unique entre Israël, Son but et Son action. Dans la mesure où le contenu tout entier des Téfilines de D.ieu est dédié au peuple d’Israël et à l’excellence du peuple juif, il s’ensuit que le peuple juif constitue en vérité les Téfilines de D.ieu.

On peut comprendre dès lors que le saint Rabbi Lévi Its’haq de Berditchev supplia D.ieu en ces termes : «Maître de l’Univers ! Il est grand temps que Tu agisses au moins à la manière d’un Juif tout ordinaire. Si les Téfilines d’un juif ordinaire venaient à tomber, à D.ieu ne plaise, il les ramasserait et les embrasserait avec affection, et ferait tout ce qu’il convient pour s’amender de cette faute (fût-elle involontaire). Pourtant, Tes Téfilines -le peuple juif- sont tombés et gisent au fond d’un amer exil; quand va-Tu les ramasser, les ramener auprès de Toi et les délivrer ?» Et il poursuit : «Comme nos Téfilines, ainsi les Téfilines de D.ieu, selon le Talmud, comprennent le «Téfiline de la Tête» et le «Téfiline de la Main». Le Téfiline de la Tête de D.ieu sont les érudits en Torah et les chefs spirituels du peuple juif. Le Téfiline de la Main de D.ieu sont les Juifs ordinaires qui excellent, non pas en érudition, mais plutôt par la sincérité et la foi ; ils ne sont pas des Juifs de tête, mais plutôt de cœur; aussi pratiquent-ils les mitsvot et les bonnes actions avec un sentiment et une chaleur profonde».Et le Baal Chem Tov de conclure : nous mettons les deux Téfilines, celui de la main et celui de la tête, et la bénédiction est récitée sur les deux Téfilines. Cependant, nous mettons d’abord le Téfiline de la main et ensuite le Téfiline de la tête. Il en est de même pour les Téfilines de D.ieu. Tous les Juifs, les Juifs de la «tête» et les Juifs de la «main» sont également chers à D.ieu, mais les Juifs qui accomplissent les mitsvot et font de bonnes actions (qui pratiquent Torah et Mitsvot) avec ferveur et sincérité sont particulièrement aimés de D.ieu.

MARCHE CONCLU !

C’est l’histoire d’un jeune délégué que le Rabbi envoya en mission dans une ville «perdue» du Canada. Laissons-le nous raconter ses premières péripéties. «A peine les pieds posés sur le sol canadien, je m’aperçus que la ville en question était un véritable désert au sens spirituel du terme, et que la tâche d’organiser la communauté ne serait pas chose facile. Première étape: réunir les notables de cette communauté et essayer d’obtenir d’eux un soutien moral et financier. Mais comment les contacter ? Où les rencontrer ? Le porte-à-porte ? Pas question, c’est trop long ! Il faut agir vite. Ah! Le bottin de téléphone. Excellente idée ! Le cadran tourne plusieurs fois. Au bout du fil, un mélange d’enthousiasme et d’indifférence. Après maints essais concluants et erreurs désarmantes, je tombai sur une trouvaille stupéfiante ! «Allô ? Bonjour M. X., je suis le nouveau Rabbin de la ville».

Grâce à D.ieu, le rendez-vous est fixé pour le soir. En voiture, sur la route qui me mène à son domicile, des questions de tous genres m’assaillent: «comment vais-je faire entendre à ce millionnaire américain ce que représente le Rabbi, l’objectif de ma mission, etc…». La porte s’ouvre… Le millionnaire m’accueille chaleureusement. On entre dans un salon somptueux. La causerie commence. Attentif à ce qu’il me disait, je l’étais, mais cela ne m’empêcha pas de promener mon regard un peu partout, émerveillé que j’étais par la beauté et le luxe de cette pièce. Soudain, mes yeux se posèrent sur un portrait magnifique qui pendait sur un pan de mur. Bizarre quand même ce portrait ici. Je m’empressai de poser la question qui me brûlait les lèvres : «Dites, qui est ce rabbin là ?» Le millionnaire, interloqué se lève et dit : «Quoi vous ne connaissez pas cette personne ? Quel genre de rabbin êtes-vous ?» «Bien sûr que je le connais ! C’est le Rabbi de Lubavitch. Mais quel rapport avez-vous avec le Rabbi?» «Ah ! Parce que vous croyez qu’il est plus votre Rabbi que le mien ? Eh bien, détrompez-vous !

Tenez, asseyez-vous là et écoutez cette histoire, et vous allez tout comprendre !» Il y a dix ans, nous étions ma femme et moi dans une situation désespérée. Rien ne nous manquait, sinon un enfant. Dix ans de mariage, opération sur opération par de grands professeurs qui nous condamnaient à la stérilité à vie. A notre grand regret, nous décidâmes d’adopter un enfant A cette époque, j’eus l’opportunité de faire la navette entre le Canada et New York. Je fis alors connaissance d’un commerçant de Brooklyn avec qui je me liai d’amitié. Il me parlait souvent de sa famille et de ses enfants. Ah ! ses enfants… c’est avec fierté qu’il me montrait leurs photos. Ensuite, il s’enquit de ma famille. Je lui fis part de notre malheureux sort «Ecoute moi !» me dit-il, «je ne suis pas pratiquant, mais juste traditionaliste. Je connais à Brooklyn un Rabbi, (un Tsadik) un Juste, l’Admour de Lubavitch. Je sais par expérience que ses bénédictions ne restent jamais vaines. Essaie de le voir !» «Tu parles ! Tu penses que cela va changer le diagnostic des professeurs ? Il vaut mieux qu’on règle nos affaires!»

Le millionnaire poursuit son histoire. Après un accord commercial passé entre nous deux, j’allai à Kennedy Airport pour retourner au Canada. Tenez-vous bien : on m’annonce que l’avion est en panne et allait avoir un retard de trois heures ! (Etait-ce vraiment un hasard ?…) J’achetai un journal, un café à la main, pour faire passer le temps. Non, décidément, je ne voulais pas gâcher ces trois heures. Et pourquoi ne pas aller voir ce fameux Rabbi en question, celui qui bénit ! Après tout, qui ne risque rien n’a rien ! En vingt minutes, j’étais au Q.G. du Rabbi. J’entrai au secrétariat et je demandai à être reçu par le Rabbi. «Revenez dans quelques mois !», me répondit-on. Eberlué, je regardai le secrétaire fixement. «Vous vous imaginez, revenir du Canada ! Je suis déjà là, alors autant voir le Rabbi maintenant!» Déçu, j’étais prêt à repartir au Canada lorsque, dans la rue, je rencontrai un homme qui me connaissait. «Chalom Ale’hem!» me dit-il. Il remarqua que j’avais l’air ennuyé. Je le mis aussitôt au courant de la situation. II me rassura: «Ecoute mon conseil. Dans cinq minutes le Rabbi va sortir de son bureau pour faire la prière de min’hah. Tiens-toi à la porte du couloir. Quand le Rabbi sortira, tu t’approcheras et tu diras que tu veux parler au Rabbi et il te répondra. Mais attention, ne dis pas que ce conseil vient de moi ! OK ?» Je me postai à l’endroit indiqué. Quand je le vis sortir, je fus stupéfait par la splendeur de son visage. J’en perdis même mon sang-froid. Le Rabbi me remarqua et me dit d’un ton aimable: « En quoi puis-je vous aider ? » Je bredouillai quelques mots. Je…je…voudrais vous demander une bénédiction pour un problème personnel !… » A l’étonnement de tous les ‘hassidim qui attendaient pour commencer la prière de min’hah, le Rabbi fit demi tour et me pria d’entrer dans son bureau.

«Qu’est-ce qui ne va pas ?» demanda le Rabbi.
« Tout va bien, Rabbi, le seul problème, c’est que je n’ai pas d’enfants voilà plus de dix ans. »
Le Rabbi m’écouta, compatissant à mon sort.
«Vous mettez les Téfilines chaque jour ? »
«Non», répondis-je.

«OK, écoutez-moi bien. Mon temps et votre temps sont précieux. Vous êtes un homme d’affaires. Alors faisons une transaction. Promettez-moi de mettre les Téfilines et moi, je vous promets un enfant.» Que faire ? Promettre et ne pas tenir ma promesse. Un homme de mon âge, mettre les Téfilines ? De la folie !

Me voyant plongé dans un dilemme inextricable, le Rabbi ajouta en souriant :Alors ! Vous me promettez?» «Rabbi! Je vous promets» «Et moi aussi, je vous promets! » et le Rabbi me salua et partit. En sortant, je courus acheter une paire de Téfilines et je les mets depuis ce moment-là. Le délégué du Rabbi se tournant vers le millionnaire américain ne put s’empêcher de s’exclamer : «Et… où est l’enfant ?» Le millionnaire appela ses trois enfants nés grâce au «business» avec le Rabbi !…

SCIENCE ET TORAH

Le 13 Chevat 5750, le célèbre professeur Branover, d’origine russe qui vit en Israël depuis de plus de 17 ans, s’est adressé un jour à une audience très nombreuse et passionnée. Voici quelques extraits de sa conférence.

C’était là l’enseignement que dispensait le Rabbi depuis de très nombreuses années, à moi-même et à beaucoup d’autres scientifiques juifs : “D’abord, soyez Juifs, de sorte que les gens, vous désignant, disent: «voilà un Juif qui observe la Torah et les Mitsvot». Et, puisqu’il se trouve que vous êtes un scientifique, ce n’est que votre profession. Bien sûr, il faut que vous réussissiez dans votre carrière professionnelle, mais c’est secondaire. Il faut d’abord que les gens disent: «il est fort, parce que c’est un Juif pratiquant».”

Je vais revenir vingt-cinq ans en arrière et vous raconter ma première rencontre avec ‘Habad. Ce n’était pas l’Union Soviétique de l’ère Gorbatchev, c’était sous Kroutchev et Brejniev. Aller à la choul, le Chabbat matin, était très dangereux, tout particulièrement pour moi, puisque, dans mes recherches, je travaillais sur certains projets militaires. Mais, le désir de découvrir mon propre judaïsme, mon propre passé avec D.ieu, était si fort que je négligeai toutes les craintes et me rendis à la synagogue. Je me tenais dans un coin obscur, heureux que personne n’accorde d’attention à ma présence et j’écoutais les prières. Je n’avais aucune idée de ce qu’ils disaient. Je n’en comprenais pas le moindre mot. Ce qui m’impressionnait était que tout le monde priait en harmonie. J’étais sûr que, pendant la semaine, ils venaient répéter, pour la prière du Chabbat matin. Un jour, à la synagogue, un homme me tendit la main et dit: «Je sais que vous êtes intéressé par le judaïsme. Venez chez moi et je vous donnerai des livres et des leçons». J’étais terrifié. C’était la Russie d’il y a vingt-cinq ans. Je pensais que peut-être il était un agent du KGB. Mais je le regardai dans les yeux et décidai qu’un homme avec un tel visage, un tel regard, ne pouvait être leur agent. Les autres me dirent que c’était un ‘hassid.

Je me rendis chez lui. Je fus étonné par la manière dont lui, sa femme et ses enfants adolescents discutaient constamment de la manière de toucher de plus en plus de Juifs. Ils parlaient d’aider un jeune garçon voisin à vivre comme un Juif, sans que ses parents le sachent, puisqu’ils étaient tous deux communistes et causeraient de graves ennuis au garçon. Une autre fois ils faisaient des projets pour un dimanche où ils ne travaillaient pas. Ils avaient l’intention d’apporter de la soupe à une femme très malade, qui habitait à la campagne. Ils ne parlaient pas de se distraire, mais de la façon d’atteindre d’autres Juifs. Il se mit à discuter avec moi de la création du monde “yech meayne” (ex nihilo), non seulement de la façon dont les choses matérielles furent créées, mais aussi celles qui sont intangibles comme l’espace et le temps et comment elles étaient reliées entre elles. Naturellement, à cette étape de notre discussion, je lui dis que j’étais un physicien, issu de l’université et lui demandai dans quelle université il avait appris tout cela. Il éclata de rire et me répondit : “Je ne suis même pas allé à l’université ! J’ai fréquenté la yéchiva jusqu’à ce que les Soviétiques la détruisent”. Je l’interrogeai alors sur la manière dont il avait acquis toutes ses connaissances. Il sortit de sa poche un livre. C’était un Tanya, bien que je ne le sûs pas à l’époque, je le questionnai sur le contenu du livre. Il répliqua: “Ce n’est pas facile. Je suis un débutant. Je suis encore en train de me débattre.” “Oh!” dis-je. “Alors c’est un nouveau livre.”Non. Je me bats depuis trente ans déjà.” Il me posa une question cruciale: “Mettez-vous les Téfilines?” Je n’en avais jamais entendu parler. Il se dirigea immédiatement vers une armoire d’où il sortit une paire de Téfilines.

Je protestai. Depuis quinze ans, je cherchais des réponses à propos du judaïsme, philosophiquement et spirituellement. Je n’étais absolument pas préparé à un judaïsme empli de simples actes quotidiens, certains liés à des objets matériels qui rendent notre vie sainte et spirituelle. Aussi utilisai-je un mot qui, aujourd’hui, a le don de me sortir de mes gonds quand mes étudiants l’emploient.”C’est primitif. Ne me demandez pas de faire ça. Enseigner, étudier profondément, oui. Mais, cela non !” Il ne fut pas trop touché et dit: “Buvons encore du thé et étudions.” Nous restâmes assis toute la nuit. Nous bûmes du thé et étudiâmes et au lever du soleil… je mis les Téfilines”. Le lendemain matin, à 5 heures, on frappa soudain à la porte. Cà c’était l’Union Soviétique, en 1964, sous Brejniev.

Ma femme et moi-même échangeâmes quelques propos et décidant d’aller ouvrir la porte. Je fus stupéfait de me trouver face à mon ami, le ‘hassid. Sous le choc, je lui demandai: “Quelque chose ne va pas?” II dit: » Non, rien n’est arrivé. Mais vous avez oublié de prendre vos Téfilines. Et il me les tendit. “Mais, ce sont les vôtres”, protestai-je. Il répondit: « jusqu’à hier c’était les miens, mais maintenant, ils sont à vous. Je vous en prie, prenez-les. » Après que j’eus pris le sac, je croyais qu’il allait partir mais il restait là. Aussi l’invitai-je à entrer, malgré cette heure inhabituelle pour recevoir des invités. Il dit : “Il est tôt. Je dois aller travailler très bientôt et vous aussi ; ne recommencez pas vos bons tours d’hier. Mettez vos Téfilines et laissez-moi partir.” Mais, je m’étonnai: “Que voulez-vous? Je les ai mis hier”. Il était imperturbable.

« C’était pour hier. Aujourd’hui vous le faites pour aujourd’hui. »

Un mois plus tard, pour présenter un document scientifique, je devais voyager de Riga à Leningrad. Je ne devais m’absenter qu’une journée. Aussi, je ne pris que les papiers dont j’avais besoin. Lors de mon déplacement suivant, je ne sais pas comment cela s’est passé mais, avec mes documents, je pris mes Téfilines. Le problème se souleva à Leningrad. Je ne savais pas où mettre les Téfilines. Je me précipitai vers la synagogue mais elle était déjà fermée. Voilà que j’étais en plein hiver au beau milieu d’une rue pleine de non juifs. J’appelai l’institution où je devais présenter mon document et leur dis que j’avais besoin de plus de temps et si je pouvais le présenter le lendemain. Ils furent d’accord. Puis, je commençai à faire le tour des hôtels pour trouver une chambre. Mais, en Russie, à cette époque, si votre chambre n’était pas louée pour vous par une université ou une institution similaire, vous ne pouviez tout simplement pas en trouver une libre.

Je tentai de soudoyer les gardiens. Mais, je ne pus obtenir de chambre. Finalement, cinq minutes avant le coucher du soleil, j’en trouvai une. Je m’y précipitai, m’enfermai, mis les Téfilines et récitai le Chema Israël. Puis, je m’assis et, pendant un long moment, je réfléchis sur ce qui s’était passé… Ce fut un tournant décisif de ma vie, là, au croisement de ma rencontre intellectuelle avec le Judaïsme et de ma rencontre émotionnelle. Il y a quelques années, nous fîmes, à Béer Cheva, la découverte d’une nouvelle méthode pour produire de l’électricité. J’eus une longue ye’hidout (audience privée) et le Rabbi me demanda de lui en parler. J’en fis une brève présentation (bien que cela me parût étrange de faire cela devant le Rabbi), entremêlant de l’anglais, du russe et juste un petit peu de yiddich. Puis, le Rabbi sourit et me dit: “Non, ce n’est pas ce que je veux. Présentez-le moi comme si vous étiez à l’université et donniez une conférence”.

C’est ainsi que je fis une conférence devant le Rabbi, en utilisant toute cette stupide terminologie physique et mathématique. Je ne pouvais écrire les équations car il n’y avait ni tableau, ni papier. Mais, en dehors de cela, mon exposé était complet. Après cela, le Rabbi me dit deux choses. Tout d’abord, il me donna, sur le champ, un différent mode d’application, un moyen de rendre le système plus efficace et plus attrayant. Cela avait lieu après que j’eus fait cette présentation à au moins quinze universités de par le monde. Mais, personne n’avait fait cette remarque si simple et si claire et… maintenant… évidente. Plusieurs centaines de scientifiques et d’ingénieurs ne l’avaient même pas envisagée.

Le Rabbi mentionna également que deux des chiffres que j’avais donnés n’avaient pas de sens. Je ne veux pas, ici, entrer dans les détails d’une explication scientifique, mais cela se référait à la vélocité d’un courant à deux pôles et la grande efficacité du système, de l’autre côté de l’équation. Le Rabbi dit tout simplement que ces deux chiffres étaient mauvais et n’étaient pas cohérents. Je ne savais que répondre. Je lui avouai que nous étions arrivés à cette conclusion suivant les meilleures théories que nous avions développées, que c’était un calcul informatisé. Il avait fallu quarante cinq minutes à l’ordinateur pour sortir ce résultat. A tout cela, le Rabbi sourit et dit: “D’accord, vous êtes l’expert. Je dois vous faire confiance. Mais, ces deux chiffres sont erronés”. Je rentrai chez moi et donnai à mes étudiants la directive de recommencer tous les calculs et, à nouveau, les résultats furent exactement les mêmes. J’étais très ennuyé. Pendant huit mois, je rendis tout le monde fou, les fis calculer et recalculer. Huit mois après la ye’hidout, j’eus un nouvel étudiant en doctorat.

Un matin, il vint vers moi avec un problème étonnant et il me montra que quand il avait analysé l’équation mathématique de base, un terme avait été écrit de manière erronée. Ainsi, l’ordinateur avait raison, nous avions raison, mais celui qui avait écrit les données originelles avait fait l’erreur sur un chiffre. Personne dans cette assistance est étonné, je le vois bien. Mais, à l’université, croyez-moi, ils étaient ébahis. Quand, il y a cinq ans, Gorbatchev vint au pouvoir, le Rabbi me dit de téléphoner à un certain nombre de ‘Hassidim, à Moscou et Leningrad et de leur dire qu’à partir de maintenant cela irait mieux, que bon nombre de ceux qui le souhaitaient pourraient quitter la Russie. Les gens à qui je m’adressai étaient sceptiques.

L’un d’eux me dit qu’une voiture du KGB stationnait devant sa porte, jour et nuit, et que, la veille, sa femme avait été arrêtée pour un interrogatoire et n’était toujours pas rentrée. Je dis cela au Rabbi qui répondit: “Cela ne se voit pas encore, mais cela ira de mieux en mieux. Répétez leur qu’en fin de compte et, dans pas trop longtemps, ils seront libres de s’en aller”. Eh bien! Si vous regardez les journaux de l’époque (Avril 1985), vous lirez que les tous les grands soviétologues avaient alors déclaré que le nouveau dirigeant Gorbatchev serait plus dur et rendrait les choses plus difficiles et sévères. Tous les “spécialistes” parlaient ainsi. Seul le Rabbi disait autre chose. Pour conclure un calcul. Non que je veuille vous enseigner les mathématiques, mais c’est qu’il se lie bien au sujet. Au début, j’ai dit qu’il était important pour nous de rencontrer d’autres Juifs. Faisons donc un simple calcul. Estimons pour notre argumentation que, dans le monde entier, il y a un demi million de Juifs entièrement impliqués, sans limite, dans les idéaux de ‘Habad et qui propagent le Judaïsme. Disons qu’il y a 22 millions de Juifs dans le monde. Tous ceux qui se considèrent comme membres de la famille ‘Habad savent qu’il y a quelque chose qui ne va pas s’ils ne font pas une rencontre en deux mois. Je pense que c’est une très modeste requête. En deux mois, soixante jours, juste une seule rencontre avec un autre Juif. Et s’il l’a fait, assumant que c’est une véritable rencontre et que la personne commence vraiment à s’impliquer, cela signifie que ce ‘hassid nouveau-né fait ses propres rencontres, une tous les deux mois. Par un calcul simple, vous pouvez observer qu’en dix mois le peuple juif tout entier est revenu à sa source et alors bien sûr, la venue de Machia’h est automatique. Pourquoi ne voyons-nous pas s’accomplir si vite la multiplication des ‘hassidim? Il faut nous interroger nous-mêmes. Comment agissons-nous? Comment nous comportons- nous? Sommes-nous trop lents, trop paresseux, trop intellectuels ou rationnels pour faire toutes les rencontres? Remplissons-nous la mission de faire ces rencontres, au moins une tous les deux mois ? Professeur H. BRANOVER